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Histoire frontalière

  • Publié : 22 décembre 2020

Nos montagnes n’ont pas toujours été de paisibles alpages se transformant l’hiver en pistes de glisse : il fût un temps où tabac, sel, fromage ou café passaient clandestinement la frontière !

Quelques repères historiques :

Une fraude ancestrale

La contrebande s’est implantée durablement en Savoie dès le 18e siècle, époque où elle fait partie du royaume de Piémont-Sardaigne. Une marchandise fait alors l’objet d’un commerce frauduleux de grande ampleur : le sel !

La gabelle, taxe touchant principalement cet « or blanc », représente en Savoie jusqu’à 90% des impôts. Elle impacte particulièrement les montagnards, le sel étant nécessaire à l’élevage, à la fabrication du fromage et aux salaisons. Les risques encourus par les « faux-sauniers » (trafiquants de « faux-sel ») sont énormes : ils pouvaient écoper de plusieurs années à ramer sur les galères du roi !

Histoire de zones

La Savoie devient définitivement française en 1860. Pour assurer l’adhésion des savoyards réticents, une grande zone franche est créée, bien plus intéressante que les « petites zones » datant de 1815 et 1829. Pendant plus de 60 ans, les chablaisiens bénéficient d’une situation commerciale privilégiée : aucune barrière douanière n’entrave le passage à la frontière ! Les différences de prix pratiquées d’un pays à l’autre assurent de juteux échanges. Tout est remis en cause lors de la 1ere Guerre Mondiale...

L’âge d’or de la fraude locale

Après la suppression officielle de la « grande zone » en 1923, la contrebande reprend de plus belle sur la frontière. Café, tabac et chocolat rentrent illégalement en France, tandis que viandes et fromage s’exportent en Suisse… sans acquitter les droits de douane ! Apparaît également une nouvelle manière de frauder, héritée des bonnes relations nées pendant la « grande zone » : le troc !

La contrebande en montagne se fait longtemps à pied, profitant de la discrétion des sentiers frontaliers. Les années 50 changent la donne : la plupart des contrebandiers se reconvertissent dans le tourisme, tandis que l’essor des automobiles change les modalités de passage et amène une nouvelle marchandise de fraude : l’essence…

La frontière aujourd’hui

Dans les années 1960, la naissance du domaine des Portes du Soleil concrétise une nouvelle fois l’amitié franco-suisse : il fédère aujourd’hui 12 stations françaises et suisses, estompant la frontière pour le plus grand plaisir de tous. Bien loin des activités illégales d’autrefois, un forfait permet plus de liberté que le passeport !

Désormais il n’y a plus de douaniers postés en permanence autour du Pas de Morgins : en 2006 et 2009, les brigades de Morgins puis Châtel sont fermées. Là où passaient clandestinement les contrebandiers il y a encore 80 ans, l’heure est plutôt au loisir des skieurs et autres sportifs. Et depuis 2008 la Suisse fait partie de l’espace Schengen, facilitant les séjours de courte durée et la circulation des touristes, des visiteurs et des personnes en voyage d’affaires.