Si la paroisse de Châtel a été fondée au XVIIe siècle, l’église Saint-Laurent est beaucoup plus tardive : elle a été construite en 1908, de style néogothique et orientée de manière peu conventionnelle pour s’adapter au terrain. A l’époque, les cloches de l’ancienne église ont probablement trouvé place dans le nouveau lieu de culte. Mais les plus anciennes, peut-être devenues défectueuses et dissonantes, ont pu être refondues pour en concevoir de nouvelles.
Aujourd’hui, les plus anciennes cloches abritées dans l’église Saint-Laurent datent du XIXe siècle : l’une fondue en 1802 par « Dreffet fils », l’autre née en 1828 dans l’atelier de Baudy, fondeur d’origine marseillaise brièvement installé à Pers-Jussy. Celle-ci présente un aspect très singulier : le décor « grossier » laisse à penser qu’une étape de la fabrication s’est mal déroulée, empêchant les ornements d’apparaître nettement après la fonte et le décochage… La cloche devait tout de même être digne d’intérêt pour être ainsi conservée, et trouver encore aujourd’hui sa place au sein du carillon.
En 1922, la fonderie Paccard est chargée de réaliser un carillon pour l’église paroissiale. Les deux cloches Dreffet et Baudy y sont intégrées, au côté de 4 nouvelles « voisines » :
- La Jeanne d’Arc, particulièrement imposante (134 cm de diamètre et 1 544 kilos) et portant une émouvante prière pour le repos des soldats de la 1e Guerre Mondiale
- La Saint-Laurent (101 cm et 679 kilos), utilisée pour sonner le glas avec les 3 autres grosses cloches
- La Marie (74 cm et 242.5 kilos)
- La Jeanne-Françoise (66.5 cm et 193 kilos), ces deux dernières n’étant pas actionnées à la volée mais en carillon.
Ce carillon fut longtemps associé à la figure d’Adrien Girardoz, sonneur de cloches du village jusqu’en 1966 où la sonnerie fut électrifiée. Chargé de sonner les offices et les événements touchant la communauté paroissiale, il prenait également soin de l’horloge dont les heures égrenaient la vie des villageois.
En 2002, ce carillon fut agrandi de 7 nouvelles cloches, une nouvelle fois fondues par l’entreprise familiale Paccard. De dimensions plus modestes, elles sont installées de manière fixe et utilisées uniquement en « tintement » pour le carillon. Comptant désormais 13 cloches, le clocher-carillon de l’église Saint-Laurent présente la particularité d’être particulièrement « dense », le moindre espace de la charpente étant occupé par ces « dames de bronze » et leur mécanisme.
Retrouvez l’histoire passionnante de ce clocher-carillon grâce à cet ARTICLE d’Antoine Cordoba, qui a réalisé l’inventaire historique de ces cloches au cours de l’été 2020.
- VIDEO DES CLOCHES en action, pour le plus grand plaisir des yeux et des oreilles...